D'abord quintet formé courant 2005 par Arno Debreu, Johan Mazé, Manuel Duval, Simon Poligné et Raphaël Michon, France Sauvage se réduit rapidement à un trio restreint aux trois premiers membres suscités. Mêlant dans un premier temps machines (tourne-disques, laptop), batterie acoustique et/ou électronique, guitare et clavier, le groupe fonctionne sur le principe de « boeufs » où chacun apporte ses influences : free jazz, musique industrielle, new-wave, noise, musique concrète... Malheureusement le groupe se rend vite compte que ces jams où tout le monde se suit, où chacun joue avec l'autre, « sur des rails », vont à l'encontre de ce à quoi les musiciens aspirent pour ce nouveau projet : c'est au contraire dans l'improvisation libre, où chacun peut choisir de jouer avec mais aussi contre l'autre, de détruire la construction en cours, que le groupe va s'épanouir. Avec cette volonté « d'aller nulle part », de « redevenir des enfants » dans leur rapport aux instruments, de tout faire pour s'affranchir des sons pour lesquels nos oreilles sont formatées pour chercher à donner naissance à quelque chose d'autre, France Sauvage monte des sets improvisés extrêmement variables , sans morceaux au sens classique du terme, où durée, violence et rythme sont toujours susceptibles de changer. Chaque concert du groupe est différent, et l'influence principale, le dénominateur commun de chacun des membres est cette envie « de ne ressembler à rien sauf à ce à quoi [France Sauvage] va jouer ». L'improvisation reste le fil conducteur du groupe : pour preuve, depuis 2010 les 4 membres actuels ne se voient plus pour répéter mais uniquement pour les concerts. Difficile justement de répertorier rigoureusement les 300 et quelques concerts qu'ils ont pu donner depuis 2005, dans des lieux très hétérogènes, du squat de punks espagnols au festival de musique expérimentale, en passant par les SMAC ou les salles à la programmation très académique (où ils provoquent, à leur plus grande joie, des crises d'épilepsie parmi le public de ska festif). On notera toutefois le festival Roulement de Tambour en mai 2010 à Rennes où ils partagent la scène avec l'ex-CAN Damo Suzuki ; un concert au Lieu Unique à Nantes en mars 2012, ou encore une tournée en octobre 2012 (Le Mans / aux Instants Chavirés de Montreuil avec Pete Swanson pour sa première date en Europe / Liège / Genève / Lyon). Le groupe se voit dans le regret de décliner aimablement les propositions de tournée en Asie du Sud-Est de sémillants nazillons britanniques domiciliés en Thaïlande, dont le nom « France Sauvage » exhalait pour eux un doux parfum cryptofasciste. On espère pour ces kapos anglo-saxons d'opérette qu'ils se sont consolés avec « Couper les Tchou Tchou » (Bimbo Tower Records, mai 2011) ou les cassettes sortis sur le label Tanz Procesz (« Mongolie 21 » en live à Paris 2011 et « On s'regarde, on s'écoute » en 2012).