Arno Bruil ne sait jouer d'aucun instrument, et met un point d'honneur à n'en apprendre aucun, afin de ne pas conditionner son rapport à la musique par le biais d'une pratique instrumentale. Depuis 2005, seul sur scène, c'est avec des tourne-disques (originaux ou qu'il fabrique lui même, avec parfois un ou deux bras supplémentaires), des synthétiseurs modulaires (depuis 2010), des radios réveils, des toys pianos, des radios, des vinyles qu'il casse, raye, recolle, qu'il cherche à « créer de nouvelles formes » grâce à des sons qui lui plaisent, insolites et novateurs. Grandement influencé par le mouvement Dada, par Duchamp pour ses ready-made (et d'une manière générale par l'art du détournement), par Christian Marclay, Philip Jeck et le platinisme, A. Bruil décrie sa démarche comme ayant « autant à voir avec la musique qu'avec les arts plastiques ». Après avoir utilisé durant un temps des ordinateurs sur scène, il décide de s'en priver car celui-ci « casse l'énergie du live », et travaille à présent avec un matériel 100 % analogique et souvent de récupération. Il livre différentes prestations qu'il juge inutile de mentionner pour éviter d'en privilégier une au détriment d'une autre, car il n'y a selon lui « pas de mauvais concerts ». Il garde par exemple un très bon souvenir d'un concert lors de l'anniversaire d'un ami (qui peut sembler a priori anecdotique), et un mauvais de celui donné dans une salle d'art contemporain (qui au contraire peut de prime abord paraître plus remarquable). On peut citer son passage aux Instants Chavirés de Montreuil en juin 2011, ou sa participation à l'interprétation d'une pièce de Christian Marclay à l'Ubu en mai 2008, organisée par le Master Métiers de l'Exposition de Rennes 2 ; mais il refuse d'étaler un listing de ses performances, précisant non sans ironie qu'il « laisse ça aux rockeurs »...